43e Journées internationales d'histoire de Flaran

Laboratorio di storia delle Alpi

Start date: 13 October 2022

End date: 14 October 2022

Pau (FR)

Le paysan de montagne serait un paysan dont le mode de vie traduirait une adaptation plus ou moins prononcé au milieu montagnard. Ce déterministe écologiste plus ou moins assumé transparaît dans les travaux des géographes du « genre de vie », des folkloristes puis des anthropologues qui, au cours du XX e siècle surtout, ont étudié les populations montagnardes. Il est également présent dans les témoignages extérieurs qui, depuis le Moyen Âge, prétendent éclairer la figure de l’habitant des montagnes, suisses, basques ou autres. L’un des enjeux de ces rencontres d’histoire et précisément de revisiter ce déterminisme écologique, éventuellement de le déconstruire, tout en l’historicisant. Depuis une trentaine d’année, de nombreuses publications ont labouré le thème des sociétés de montagne aux époques médiévales et modernes, écornant au passage d’anciens mythes comme celui de la famille souche. Beaucoup de ces travaux ont emprunté la forme de la monographies régionale ou locale. Des publications thématiques issues de rencontres ont également vu le jour autour de l’habitat, des espaces collectifs ou bien de la religion des montagnes. Chacune des deux associations d’historiens médiévistes et modernistes à consacré un congrès à l’homme et la montagne, respectivement en et en 2003. Depuis trente ans, l’archéologie a investi la montagne, dans les Pyrénées, le Massif central et les Alpes, explorant les thèmes du pastoralisme, des activités minières et métallurgiques. Enfin, la multiplication des travaux portant sur les paléoenvironnements permet, d’années en années, d’apporter de nouvelles réponses à ces questions du déterminisme écologique. Ces travaux traitent de la vie en montagne dont plusieurs aspects ont déjà été traité dans le cadre des journées de Flaran. Nous voudrions centrer davantage celles-ci sur les paysans eux-mêmes et les rapports qu’ils entretiennent avec l’environnement montagnard. Une attention particulière sera aussi réservée aux transformations que le « genre de vie » paysan a connu au cours du temps, ainsi qu’au rôle des variables endogènes et exogènes en mesure d’en façonner les traits.

Le premier thème se focalise sur les rapports du paysan de montagne avec l’économie (formelle et informelle) ainsi qu’avec le marché. Il porte plus précisément sur les questions de la pluriactivité, des migrations, de l’artisanat rural et du commerce ambulant, mais aussi, plus largement, sur l’exploitation et la commercialisation des ressources de la montagne (bois, minerais, produits de l’élevage …) par les paysans.

Le thème 2 porte sur les structures de la vie matérielle, en considérant spécialement la relation entre les structures domestiques (et les formes de cohabitation) et l’organisation des habitations et des habitats. On visitera la question de l’étagement de l’exploitation et de l’habitat (maison d’hiver, établissement de mi-versant et d’alpage) en insistant sur le rôle des biens communs dans la vie paysanne de montagne. Pourront également être abordées d’autre questions telle que le mobilier et l’outillage, ainsi que les pratiques alimentaires.

Le troisième thème s’intéressera aux solidarités et aux dépendances, ces termes étant pris dans une acceptation large. Un lieu commun est de faire des paysans de montagne, les membres de communautés à la fois plus soudées, mieux structurées (parfois sur plusieurs étages pour reprendre un concept dû à Pierre Charbonnier) et plus indépendantes des pouvoirs englobant que les communautés de plaine. L’archétype est bien sûr ci l’habitant des « petites démocraties » des cantons montagnards de la suisse centrale et du Valais ou encore des hautes vallées des Pyrénées centrales. Là encore, un certain déterminisme à longtemps prévalu attribuant la force et l’indépendance présupposée des communautés paysannes de montagne, tantôt à l’enclavement, tantôt aux modes de régulation collective imposé par la nécessité d’exploiter, de gérer et de défendre de vastes espaces communs (Bognetti ; Pollard). Encore une fois il conviendra d’historiciser et de revisiter ces questions, notamment en termes de réseaux, de clientèle, de conflits internes et externes.

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